Jour 9 : Escalante (16/10/08)

Première tâche de la journée : faire réparer le pneu crevé. Vu le type de crevaison, je n’ai aucun doute sur la réparabilité, ce qui est confirmé à 8h tapantes par le garagiste dont j’avais déjà utilisé les services en juin lorsque mon pneu arrière gauche s’était complètement déchiré sur la Hole In the rock road. En 20 minutes l’affaire est pliée et on peut partir vers The Volcano, la grande aventure du jour. En une heure nous sommes au trailhead de Harris Wash après quelques sections un peu défoncées sur la piste. Une fois de plus, pas un nuage à l’horizon et un début de matinée très fraiche. Nous entamons la marche dans wash vers l’est et tombons au bout de trois quarts d’heure sur une végétation très dense infranchissable. Je trouve alors un chemin pour grimper sur la pente d’un gros rocher et au sommet de celui, c’est un océan de slickrock qui nous tend les bras. Nous sommes sur le bon chemin mais je ne trouve pas le wash qui est censé mener au pied du volcan. Tant pis, je prends le cap du volcano et nous tirons au plus court tout en distance mais pas en durée car çà monte et çà descend en permanence sans compter la marche dans le sable : J’imagine aisément le calvaire en plein été sans un poil d’ombre.

 

A un moment nous tombons sur un slot canyon qui nous faudra contourner sans trop rallonger le chemin. 2h30 après le départ, nous sommes tout juste au pied du volcano mais reste encore à trouver l’endroit idéal pour grimper car la pente est raide. Je prends l’option de contourner par l’est. Nous croisons un rattlesnake qui nous signale sa présence et peu après nous voici enfin arrivés dans l’antre du monstre. The Volcano mérite bien son nom car il ressemble à un cratère de volcan sauf qu’ici point de lac au fond mais du sable de couleur orange vif et un gros rocher en forme de crâne humain, tout du moins lorsqu’on arrive par l’est du rocher.

Après un pique nique au bord du cratère et une descente au fond de celui ci, il nous faut retourner à la voiture mais au lieu de retourner sur nos pas, je prends l’option de trouver le wash qu’on a loupé à l’aller. Au bout de 30 minutes, nous sommes censés être dans le wash mais je ne vois point de wash. En fait nous sommes dessus mais il ne ressemble pas à l’idée qu’on se fait habituellement d’un wash puisqu’il s’agit d’alternance de petites dunes de sable et de slickrock. Au final nous mettrons à peu près le même temps qu’à l’aller.

 

Sur le chemin du retour, petit détour par Devil’s Garden pour terminer une journée bien remplie avec 12 miles de marche.

 

Jour 10 : Escalante (17/10/08)

En juin dernier, un pneu crevé nous avait privés de Neon Canyon. J’espère donc en cette matinée ensoleillée (eh oui, de nouveau pas de nuage à l’horizon) que la Hole In the Rock rock sera plus clémente avec nous aujourd’hui. La première partie de la piste est comme toujours très roulante mais dès qu’on attaque la piste qui mène à Egypt trailhead, c’est une autre paire de manche : ornières profondes, partie très rude de slickrock, montée de sable mou et profond, cailloux tranchants, bref tous les ingrédients pour crever un pneu. Il y a même des outfitters locaux qui se sont garés avant la fin de la piste pour terminer à pied…Arrivés au trailhead, je prend le cap du round dôme et on file au plus court. La première descente est très raide, la deuxième moins pentue et la suite est une alternance sans grand intérêt de sable et un peu de slickrock.

 

Arrivés au bord de la rim avec le round dôme en face de nous, on longe un peu la rim vers le sud est pour trouver l’endroit idéal pour atteindre le sommet de la dune de sable. La descente de la dune est une formalité mais j’imagine qu’on va un peu en baver à la remontée quelques heures plus tard. Après avoir trouvé un semblant de chemin à travers la végétation, nous arrivons à la rivière dans laquelle il faut marcher pendant environ 50 mètres. Je conserve mes chaussures de randonnées et entame la traversée. L’eau est glaciale et je ne regrette pas de ne pas être venu par Fence canyon car la marche aurait été un calvaire. Lysiane préfère elle mettre ses sandales et du coup elle à encore plus froid aux pieds même si elle les a au sec après alors que moi, je vais supporter les chaussures mouillées durant toute la journée mais d’un côté, cela évite l’échauffement de la voûte plantaire.

Il ne reste plus maintenant qu’à longer Neon Canyon dont les parois, constituées de Wingate Sandstone, offrent une palette de couleurs remarquables lorsque la lumière se réfléchit sur la roche. Nous arrivons au bout de une demi heure à Golden Cathedral, endroit magistral.

 

La partie haute du Canyon est très prisée par les amateurs d’escalade qui terminent leur périple par une descente en rappel au travers du trou de Golden Cathedral. Les conditions de lumières sont idéales, et l’endroit est parfait pour le pique nique.

 

Sur le chemin du retour, comme prévu la dune est plus dure à monter qu’à descendre mais ce n’est rien comparé à ce que cela peut être en été ou à la dune de 0.9 mile de Coyote Gulch. La montée finale très raide est un peu casse patte mais le jeu en valait la chandelle et finalement je ne regrette pas de ne pas l’avoir fait en été car ce doit être pénible sous 35°c. Sur le chemin du retour, plutôt que de continuer sur la Hole in the rock road, nous prenons la cedar wash road pour passer par Cedar wash arch qui vaut le détour. Après cette belle journée, rien de tel qu’un bon plat de spare ribs désossés accompagné d’une bonne bière locale au cow boy blues.

 

Jour 11 : Escalante -> Hurricane (18/10/08)

Il est temps de quitter Escalante mais il nous reste quelque chose à voir dans les parages : Horizon arch. Route donc vers la smooky mountain road. Après quelques miles, je prend la piste sableuse sur la droite et nous arrivons rapidement dans le wash qu’on est censé suivre pendant 1 mile en voiture mais vu l’état de celui ci, on les fera à pied. On marche d’un bon pas ce matin car la température est proche de 0 et on se réchauffe comme on peut. Après une bonne heure de marche on arrive au pied de « la » difficulté du jour : une pente de loose rock très pentue et glissante à monter. On monte comme on peut et je prend régulièrement des points GPS pour prendre le bon chemin à la descente car souvent dans ce genre d’endroit, c’est la descente qui pose problème. Une fois en haut, ce n’est pas si simple que cela pour prendre le bon chemin et après s’être aventurés trop à l’ouest, nous longeons la rim et on aperçoit peu après l’arche au loin. Arrivés sur place, comme je le savais, le bon côté est à contre jour mais peu importe, l’essentiel est le plaisir des yeux.

 

Au retour, je ne suis pas mécontent d’avoir le GPS car c’est paumatoire et tout se ressemble donc il est facile de ne pas retrouver le bon endroit où descendre. La descente est, comme je le pressentais, plus dure à négocier que la montée et les points GPS pris à l’aller ne me servent à rien. Finalement on y va en dérapage perpendiculaire à la pente comme au ski et cela passe tout seul. Nous ne croiserons personne durant cette rando qu’il est déconseillé de faire seul. Comme l’indique photographing the southwest, il faut bien prévoir 4 bonnes heures à partir de Escalante pour ce trip.

 

Nous faisons alors route vers Hurricane pour rejoindre notre ami steeve rencontré en juin 2007 en faisant du stop à Zion. Pour ne pas faire que de la route, nous décidons de passer par le nord plutôt que de passer par Zion et faire une incursion par Cedar Breaks. Vu l’altitude élevée (plus de 3300m), il y a un peu de neige ce qui ajoute du contraste au paysage.

J’avais prévu d’y faire une rando mais c’est trop boueux et glissant donc on se contentera de faire des arrêts photos le long de la scenic road.

 

Nous sommes content de passer la soirée avec Steeve avec lequel nous avons toujours des discussions intéressantes notamment sur la politique américaine

Jour 12 : Hurricane -> Valley of Fire (19/10/08)

Nous ne sommes pas spécialement pressés ce matin et l’exceptionnel confort du lit de la chambre d’ami de steeve n’invite pas à quitter le lit de bonne heure. Malgré cela, avec l’habitude de se lever tôt, nous partons tout de même vers 8H30 et au moment de se quitter nous espérons avec Steeve que le visage de l’Amérique aura changé pour notre prochaine visite.

 

Pour commencer la journée, direction Snow Canyon que nous avions toujours visité sous une chaleur torride. Pour la première rando , le choix se porte sur hidden Pinion trail qui mène à un point de vue panoramique sur la partie sud du parc.

 

Route ensuite vers lava flow qui offre un contraste spectaculaire entre les White rocks , la lave solidifiée et west canyon en à peine plus d’un mile.

Si nous n’avions pas séjourné la nuit dernière chez steeve, nous aurions tenté notre chance au camping mais vu qu’il est plein, cela n’aurait pas été gagné d’avance. Il est temps de se diriger vers la Valley of fire pour profiter au maximum de cet endroit que nous n’avons jamais pu apprécier à sa juste valeur pour cause de trop forte chaleur en été. Là c’est beaucoup plus agréable et même s’il fait environ 30°, c’est largement supportable. Il est environ 14H30 donc la première chose à faire est de choisir une place au camping de atltl rock et nous n’avons que l’embarras du choix. Après avoir monté la tente, direction les cabins pour aller voir Ephemeral arch. Après 30 minutes de marche dans le wash, l’arche est en vue et est très gracieuse malgré sa petite taille.

 

Route ensuite vers Elephant arch mais il est déjà trop tard car l’éléphant est déjà dans l’ombre. La fin de la journée approche et le choix est cornélien : Rainbow vista et alentours ou White domes comme l'avait fait Philippe en juin dernier. Le choix se porte finalement sur Rainbow vista. Outre la vue panoramique, le meilleur est ailleurs en l’occurrence en prenant de la hauteur qui offre des vues sur Fire canyon au loin et des rochers très colorés.

Le soleil s’est couché donc retour au camping pour une bonne douche chaude avant le repas. Ce soir, ce sera feu de camp, double ration de bière (il faut vider le stock) et plats lyophilisés : Hachis parmentier pour Lysiane et colombo de poulet et riz pour moi, plats qui s’avèrent au final assez gouteux. La température est idéale et admirer les flammes qui crépitent au milieu de la braise rouge au pied des red rocks procure un plaisir immense. La nuit sera beaucoup moins fun car mon matelas autogonflant est mort : la structure alvéolaire à un problème et il y a une mega bulle d’air qui couvre la largeur du matelas en plein milieu… cela ne change pas grand-chose puisque je ne dors pas beaucoup en camping mais quand même.

Jour 13 : Valley of Fire -> Las Vegas (20/10/08)

Je me lève un peu avant le soleil et commence par faire un petit tour du côté de Arch rock pour admirer le lever de soleil ainsi que vers Piano rock indiqué par Philippe de l’autre côté de la route. Après ce bref intermède, un petit déjeuner s’impose avant d’explorer Jumble of rocks.

Une fois le ventre plein, c’est la chasse aux arches le long de la piste et notamment Windstone arch, couverture du livre de David Muench du même nom. Elle n’est pas facile à trouver mais après une demi heure et en me rémémorant les conseils de Philippe, je la trouve enfin. Ce n’est pas loin s’en faut le seul intérêt des lieux car l’endroit regorge de petites arches en tout genre.

 

Prochaine destination, White domes et la petite randonnée qui fait une boucle au départ du parking et qui offre une palette de couleurs remarquables comme peu d’endroits dans le southwest en proposent.

 

En marge de la randonnée, Philippe m'avait conseillé d'explorer les alentours et ceka vaut le détour car outre une arche double assez petite, il y a une très belle arche, que je baptise rainbow arch (ne pas confondre avec Rattlesnake canyon) en raison de la richesse des couleurs de la roche.

 
 

Avant de quitter le parc, il nous reste à explorer les alentours de Elephant arch. Cette fois ci elle n’est pas dans l’ombre et mérite bien son nom de par sa forme si caractéristique. Philippe m'avait indiqué Alien rock dans les parages mais c'est finalement une autre arche intéressante que je trouve de l'autre côté de la route et que je nomme Highway arch. Les photos de Philippe prisent en juin 2008 m'avaiet donné envie de retourner dans ce parc et ce fut une totale redécouverte de cet endroit qui n’a rien à envier à certains parcs nationaux. Ce n’est pas pour rien que c’est le plus fréquenté de tous les states parks…

Le voyage touche à sa fin et nous terminons notre périple par Las Vegas. Pour la première fois, on ne crève pas de chaud en arpentant le strip à pied mais Vegas ne sera jamais notre tasse de thé. Les vieux casinos kitsch sont peu à peu remplacés par des hôtels neuf de plus en plus moche. Je repense à la scène finale du film « Casino » de Scorcese où Robert de Niro est nostalgique du vieux Vegas et déplore le cirque qu’il est devenu. L’avenir nous dira si la crise et le climat finiront par avoir raison de la folie débile des promoteurs immobiliers de cette ville….