préambule

Notre voyage dans l'ouest effectué en septembre 2009 comportait deux parties: une terrestre avec une majorité de sites sauvages (coyote buttes south, white pocket, white valley, little finland, staircase canyon, passage canyon, secret canyon, sidestep canyon....) et une partie maritime dans Glen Canyon (lac Powell). Ce Carnet de voyage relate nos aventures parfois mouvementées et inoubliables sur le lac durant 7 jours du 11 au 17 septembre 2009. Retrouvez sur Voyageurs du monde des choix de voyages similaires.

Jour 1 : Wahweap marina -> Dungeon Canyon

La veille de notre départ nous avons pris l'option de dormir dans le Bateau ce qui fait gagner un temps précieux le lendemain et permet de se familiariser avec notre maison pour la semaine. Maison, tel est le mot tant il y a tout ce qu'il faut à bord: BBQ géant, une chambre, un coin repas, cuisine équipée, TV, DVD, sono à l'intérieur et sur le pont, salle de bain....

 

Cette fois ci, la check list est remplie, donc direction le grand large et première constatation, la vitesse maximale s’avère moins élevée que prévue. Je tablais sur 10 miles à l’heure mais ce sera plutôt 8 donc il faudra que je revoie le programme à commencer par cette première journée où nous décidons d’aller jusqu’à dungeon canyon au lieu de Oak canyon. Après avoir pris nos repères avec les bouées, je m’écarte un peu du canal principal et rapidement nous nous apercevons trop tard que la profondeur n’est pas suffisante car le sonar sonne et le fond du bateau racle le fond. Marche arrière toute mais en oubliant quelque peu le jet ski dont la corde se prend dans l’hélice du moteur droit. Nous espérons à ce moment là que ce n’est pas grave et n’obligera pas à retourner à la marina pour réparer. Après avoir essayé de dérouler la corde, je me rends à l’évidence : il va falloir la couper. Je plonge donc dans l’eau avec mon couteau de randonnée pour couper la corde à la base de l’hélice. Au bout de quelques minutes, elle cède enfin et en tirant plusieurs fois sur le bout qui reste, j’arrive à libérer l’Hélice mais reste encore à vérifier si rien n’a été endommagé. Du coup, la corde est désormais plus courte et il faudra redoubler de vigilance lors des approches. Au moment de redémarrer les moteurs, je suis un peu tendu mais ouf ! plus de peur que de mal et nous réussissons à repartir sans encombre direction Dungeon Canyon. La navigation est très plaisante (c’est un peu un jeu de repérer les bouées en anticipation), on se relaie de temps en temps avec Lysiane et avec la musique dans la cabine et sur le pont, le niveau de confort est optimal.

Pour optimiser la journée, nous mangeons le midi en naviguant et en début d’après midi, nous arrivons à Dungeon Canyon . Il y a de nombreux emplacements pour parquer le bateau mais c’est une première pour nous et l’exercice est moins évident qu’il n’y parait. J’effectue une approche prudente, pendant que Lysiane s’occupe du jet ski en gardant toujours la corde tendue, et coupe les moteurs mais le temps de descendre sur la plage , de dérouler les cordes autour des ancres et de jeter celles-ci sur le pont pour que Lysiane les attache derrière, le bateau a eu le temps de dériver et repart vers le Large. Il faudra s’y reprendre à plusieurs reprises pour stabiliser le tout , planter les ancres profondément dans le sable et tendre les cordes à 45° par rapport au bateau. Le temps d’enfiler nos gilets de sauvetage et nous enfourchons le jet ski direction Rainbow Bridge situé à une vingtaine de kilomètres de là. Comme toujours l’après midi, le vent se lève sur le lac et il y a plus de vagues que le matin mais nous arrivons tout de même à filer à environ 40km/h dans un confort tout relatif surtout pour lysiane avec le sac à dos. Après environ 30 minutes de navigation nous arrivons au bout de rainbow canyon et il n’y a que l’embarras du choix pour s’y garer. Le pont est déjà partiellement dans l’ombre ce qui n’enlève rien à la beauté de l’endroit.

Le retour sera un peu plus secoué que l’aller, le lac étant plus agité. L’emplacement de notre bateau est des plus sympa avec un beau panorama et nous profitons de notre première soirée à bord hors du port autour d’un bon T-bone cuit avec notre BBQ taille XXL. Une fois ce festin terminé, nous avons profité sur le point supérieur d’une des plus belle nuit étoilée qu’il nous ait été donné de voir aux Etats Unis au son des Coyotes qui hurlent au loin.

 

Jour 2 : Dungeon Canyon -> Oak Canyon

Cette première nuit fut excellente mais nous avons tout de même été réveillés par les Coyotes qui ont hurlé une partie de la nuit. C’est un vrai bonheur de contempler le lever de soleil et de prendre le petit déjeuner devant un tel panorama.

La première chose à faire ce matin est de faire un léger détour par la Marina de Dangling Rope pour faire le plein du Bateau et du Jet ski car apparemment le Bateau consomme plus que prévu et incite à la prudence alors que le jet ski consomme plutôt moins que prévu à priori. Histoire d’optimiser les amarrages, au lieu d’enrouler la totalité de la corde sur l’encre, j’en laisse une partie courir le long de la coque dans une goulotte qu’on croirait prévue pour cela et on attache le reste sur le pont arrière. Comme cela, nous gagnerons un temps précieux à l’amarrage. Nous arrivons à l’ouverture de la Marina et ma foi, je n’arrive par trop mal à garer le bateau. Résultat des courses, environ 25 gallons pour le bateau soit à peine un quart alors que la jauge était presque à la moitié et 5 gallons pour le jet ski alors que la jauge laissait supposer moins. Finalement, le bateau consomme moins que je ne pensais la veille et le jet ski plutôt plus et constituera donc notre ressource critique pour l’exploration avec une autonomie estimée d’environ 100 miles. Direction Oak Canyon situé à moins de 2 heures de navigation pour explorer si possible trois canyons : Forbidding, Cascade et Twilight. Une fois arrivé dans Oak Canyon force est de constater que bon nombres de places sont déjà occupées et qu’il reste uniquement un emplacement sur une petite île. Ce sera donc notre point de chute. Contrairement à la veille, nous sommes mieux organisé pour les encres mais il y a beaucoup de courant et à peine ai-je le temps de dérouler la corde que le bateau part à la dérive et ce très rapidement. Un américain amarré à proximité me ramène alors au bateau avec son jet pour la deuxième tentative. Même problème, je n’arrive pas à stabiliser le bateau et décide donc, après conseil, de laisser les moteurs à mi-puissance tant que le bateau n’est pas encré, ce qui l’empêche de repartir au large. C’est la bonne méthode et nous l’appliquerons à chaque fois. Une fois les encres plantées (avec difficulté car la couche de sable est peu épaisse), nous coupons enfin les moteurs. Il nous aura fallut une bonne heure pour arriver à nos fins.

Il est temps de partir en Exploration vers le premier canyon de la journée : Forbidding canyon. il est assez fascinant et excitant de slalomer entre les parois du canyon qui se rétrécissent peu à peu devant nous. Mon but était d’aller à pied jusqu’au Big Low Undercut mais vu le niveau élevé du lac en 2009, il s’agit précisément de l’endroit où nous garons notre jet ski sans vraiment le savoir avant de comparé l’endroit avec la photo sur le livre de M.Kelsey. Nous attachons le jet ski comme on le peut en espérant qui sera encore là à notre retour…. Même si les gens ne viennent pas sur le lac pour commettre des délits, on ne peut s’empêcher d’y penser en étant éloignés de plusieurs kms du bateau. Il y a tout de même une sécurité avec un coupe circuit que l’on met sur OFF avec une clé spéciale que je conserve toujours avec moi.

 

Le canyon est beau et rappelle Willow Gulch (qui est un des canyons de la rivière escalante qui se jète dans le Colorado donc le lac) avec beaucoup de végétation et de nombreuses possibilités photographique grâce aux réflexions.

 

Après cette première expérience, direction Cascade Canyon qui est le canyon le plus étroit du lac avec Labyrinthe canyon. Vu l’étroitesse, le chemin vers le bout du canyon est long mais impressionnant avec ses falaises qui deviennent de plus en plus étroites. Nous nous demandons d’ailleurs si nous allons pouvoir accoster quelque part tant les parois sont étroites. Nous avançons lentement en s’aidant de nos mains sur les parois distantes d'à peine plus de 1m et apercevons la fin du canyon où j’accoste tant bien que mal le jet.

 

J’ignore comment on ressortira de là, mais on verra plus tard. Ce canyon est superbe et baigné par une belle lumière réfléchie. La progression requiert souvent de s’aider de ses mains pour franchir quelques obstacles. Nous allons aussi loin que possible et en tout cas en ayant vu la partie la plus intéressante du canyon.

 

Au retour, marche arrière obligatoire avec le jet pour sortir du canyon en s’aidant des mains sur les parois et direction Twilight Canyon situé tout à côté de Cascade canyon. Celui-ci est moins étroit au bout et il est plus simple de se « garer » bien qu’obligeant à se mouiller un peu plus. Le temps est couvert et la lumière quasiment absente donc visuellement moins beau que Cascade canyon mais pas pour autant dénué d’intérêt d’autant plus que la progression est aisée. Au total, nous aurons passé environ 2H dans chaque canyon avant de retourné au bateau qui n’a pas trop bougé malgré le vent.

 
 

Comme la soirée précédente, BBQ de rigueur mais le temps se gâte et le bateau qui est proche de nous se dirige dangereusement du nôtre cal très mal amarré. Heureusement, ils prennent enfin conscience de la situation et descendent sur la berge pour stabiliser et ancrer celui-ci plus solidement.

 

Jour 3 : Oak Canyon -> Davis Gulch

la nuit fut quelque peu agitée car le vent s’engouffrait dans le bateau et générait de nombreux bruits parasites qui ne facilitent pas le sommeil. Le temps s’est remis au beau et nous partons tôt pour aller jusqu’à la Gorce Arch où j’ai prévu de garer le bateau.

 

La première partie de la navigation d’effectue sur le Colorado...

...et ensuite sur la rivière Escalante qui a tout d’un fleuve à ce niveau là. Il n’y a pas de bouées dans le canal principal mais par contre des bouées signalent l’entrée de chaque canyon facilitant ainsi le repérage.

 

Après une vingtaine de miles ; nous entrons dans Davis Gulch et force est de constater qu’il y a peu d’endroits pour garer le Bateau. Nous remarquons un emplacement étroit mais je continue ma route. Malgré tout il faut se rendre à l’évidence, c’est probablement l’endroit que nous avons dépassé qui est probablement le meilleur choix. Il faut donc faire demi-tour, opération délicate car le canyon est étroit. La caméra de recul est d’une aide précieuse et je maitrise de mieux en mieux le bateau donc ce n’est qu’une formalité. Nous arrivons devant notre parking du jour mais c’est assez étroit et peu profond à priori donc prudence de rigueur. J’avance à faible vitesse et en tout cas, juste ce qu’il faut pour échouer proprement le fond du bateau sur le sable en évitant les rochers. Cette fois ci, je laisse les moteurs en marche pour éviter que le bateau ne dérive. Impossible cette fois ci par manque de place de positionner les cordes à 45° car il y a un côté sans profondeur de sable suffisante qui m’oblige à bloquer l’ancre avec des pierres

Objectif de la journée, aller à La Gorce Arch et explorer Davis Gulch. La lumière n’est pas intéressante donc nous nous arrêtons plutôt du côté fermé de l’arche sous la grande alcôve.

 

Direction ensuite Davis Gulch. Il n’est pas facile de progresser au bout du canyon à cause de la végétation mais nous arrivons tant bien que mal à garer le jet à côté d’un bateau de Rangers. M.Kelsey ne tarit pas d’éloges dans son livre sur Davis Gulch donc c’est très prometteur. Nous avons assez vite déchanter car même si le canyon est beau, sans plus, la progression est très lente car la végétation très dense et nous cherchons constamment notre chemin.

 

L’objectif était d’aller jusqu’à Bement arch mais en raison de la progression lente, le manque de ressource en eau et le temps qui devient très orageux, nous renonçons après plus d’une heure et demie de marche. Ce type d’exploration contient beaucoup d’inconnues car les sentiers sont en général peu visible, pas entretenus et le niveau de l’eau rend toute prévision délicate. Il est donc impossible à l’avance de savoir jusqu’où nous pourrons progresser. Nous sommes un peu frustrés et donc nous décidons d’aller explorer Fiftymile canyon situé à quelques miles de Davis Gulch.

 

Là encore nous ne pouvons pas aller jusqu’au bout du canyon à cause de la végétation dans la rivière. Nous grimpons sur la corniche sur la gauche mais après quelques centaines de mètres, nous sommes bloqués et contraints de faire demi-tour alors que la pluie commence à tomber. L’incursion fut courte mais finalement la partie la plus intéressante est la partie immergée avec notamment une alcôve impressionnante où nous faisons un stop pour attendre que la pluie cesse.

Ce fut un peu la journée des désillusions mais il faut se rendre à l’évidence : on ne maitrise pas le terrain…. La fin de la journée sera plus agréable avec une bonne bouteille de champagne.